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Formule 1 : Esteban Ocon sans détours

Formule 1 : Esteban Ocon sans détours

On aurait pu craindre que l’image du pilote français de Force India, Esteban Ocon, soit ternie par l’accrochage avec son coéquipier Sergio Perez à Bakou, le 25 juin. Il n’en est rien. D’abord parce que la popularité de la Formule 1 sort presque grandie de l’étape azérie, où rivalités et accrochages (sans dangers) ont rappelé à beaucoup les heures glorieuses des grands duels.

Ensuite parce que le jeune homme arbore un sourire enfantin désarmant. Annoncé comme « le meilleur pilote français de Formule 1 », Esteban Ocon, 20 ans, arrive presque timidement, mardi 27 juin, à l’Automobile Club de France, place de la Concorde à Paris, à l’invitation de Christian Estrosi, président du groupement d’intérêt public du Grand Prix de France, et de Gilles Dufeigneux, directeur général du GIP. Objectif de cette « conversation informelle », le lancement du compte à rebours un an avant le retour de la F1 en France, sur le circuit du Castellet (Var), le 24 juin 2018, soit en 8e position, à l’orée de la tournée estivale européenne de F1.

« Esteban, tu es au cœur de ce rendez-vous ! » Pour le président de la région PACA, maintenant que la France a signé pour cinq ans, trois éléments vont déterminer, ou non, le succès tricolore : un constructeur national, un Grand Prix et des pilotes compétitifs – Esteban Ocon et Romain Grosjean. Reste à regrouper ces acteurs. M. Estrosi a son idée. « [Esteban,] je ne doute pas que tu auras la bonne écurie pour te donner un volant », sous-entendu Renault, pour tendre vers le rêve d’une victoire 100 % française.

« L’erreur » de Renault

Contacté par Le Monde, Cyril Abiteboul, directeur de Renault Sport F1, n’a pas souhaité s’exprimer. Mais selon le site F1i.com, il s’en mord les doigts. Le jeune pilote français a en effet été prêté par Mercedes à Renault en 2016 comme troisième pilote, alors que le motoriste français effectuait son retour « à part entière » en F1. Or un an plus tard, il signait comme titulaire chez Force India, la « nursery » de Mercedes. Toto Wolff, grand patron des flèches d’argent, les avait pourtant prévenus. « [Esteban Ocon] est quelqu’un qui est promis à un grand avenir, déclarait-il en août 2016. J’espère que mes collègues de chez Renault, Frédéric Vasseur et Cyril Abiteboul, s’en rendent compte… sinon c’est nous qui le prendrons ! »

« Avec le recul, c’était une erreur de ne pas poursuivre l’aventure avec Esteban, admet aujourd’hui Cyril Abiteboul sur F1i.com. Nous regrettons sincèrement de l’avoir laissé partir à la concurrence. »

Esteban, lui, ne regrette rien. Membre du programme Mercedes, il ne jure que par Toto, « mon nouveau patron », le seul qui n’a jamais douté de lui. Même après le Grand Prix du Canada, où Esteban finit 6e alors qu’il aurait pu prétendre à un podium si son coéquipier Sergio Perez l’avait laissé passer. « Force India aurait pu inscrire plus de points, analysait alors le dirigeant de Mercedes Sports. Esteban a fait une très belle course, c’est fantastique (…). Il progresse à chaque Grand Prix, il va devenir la superstar du futur. »

« Il ne faut pas que ça recommence »

Christian Estrosi en est également convaincu. Toutefois, « Etre le petit nouveau de la F1, c’est très difficile, commence le politique. On est décortiqué par tout le monde, sponsors, médias…

– OuiIl faut toujours être performant, ne jamais se relâcher, sinon un autre va en profiter. C’est forcément très difficile. Mais c’est normal, ce sont les 20 meilleurs pilotes au monde.

– A Bakou, quand même… » Le jeune pilote en a assez d’être interrogé sur ce sujet. Il veut bien parler de l’autre accrochage du 25 juin, entre Lewis Hamilton et Sebastian Vettel : « Ce sont des gamineries, on ne doit pas voir ça en sportautomobile, on est aussi là pour montrer l’exemple. » Ocon, comme Vettel huit jours plus tard, ne peut échapper au mea culpa. « Voir deux coéquipiers [Force India] qui se touchent en course, cela ne doit pas se reproduire. »

Chicane ou pas chicane

La communication fait partie intégrante du métier de pilote de F1 aujourd’hui. Pour cela aussi il a été « formé ». Champion de France moto de vitesse en 1975, Christian Estrosi a en commun avec Esteban Ocon d’avoir gagné sur le Paul-Ricard. Ce qui autorise les deux hommes à échanger sur ce tracé. « Très technique, avec tous les types de virages et beaucoup d’opportunités de déplacement », jauge Esteban Ocon. « Je ne vais pas dénigrer le circuit que j’ai le plus adoré », enchaîne M. Estrosi avant d’effectuer la deuxième embardée du jour, l’installation d’une chicane dans la ligne droite, qu’il réprouve : « Cela doit être un élément de réflexion dans nos conversations avec la Fédération internationale [FIA]. »

Esteban Ocon est « totalement d’accord. Si on enlevait la chicane, cela ferait plus d’opportunités de dépassement et un virage plus impressionnant à regarder. » Le sujet est sensible alors qu’enfle la polémique sur les circuits « parkings de supermarchés », ultra-sécurisés mais qui ne permettent pas assez, selon les teams, de mettre en valeur les qualités de pilotage. Or Esteban n’en manque pas. Il compte le prouver, dimanche 9 juillet, en décrochant enfin un podium, lors du Grand Prix d’Autriche qui se court à Spielberg, sur le Red Bull Ring, un circuit apprécié des professionnels, classique et accrocheur.

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