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Les années football de Conor McGregor

Il dispute cette nuit à Las Vegas ce que certains considèrent comme le combat du siècle face à Floyd Mayweather, d’autres comme une vaste mascarade. Mais avant de devenir une star de l’UFC, Conor McGregor a passé plusieurs années entre les rings de boxe et les terrains de football amateurs de la capitale irlandaise. Licencié pendant quatre saisons dans le club du Yellowstone Celtic, il a marqué ses coéquipiers par ses qualités de buteur. Ceux qui l’ont côtoyé ouvrent l’armoire à souvenirs.

Évoquer le « Crumlin » à Dublin, devant une assemblée d’autochtones, provoque généralement des réactions très disparates. Ce quartier du sud de la capitale irlandaise est perçu par certains comme un repère pour les chefs de gangs et vendeurs de drogue de la ville, pour d’autres comme une zone résidentielle tranquille ayant l’avantage de ne se trouver qu’à quelques minutes de bus du centre-ville. C’est ici en tout cas que Conor Mcgregor a vu le jour, et distribué ses premiers coups au Crumlin Boxing club. Un club qui jouxte les terrains de football du Crumlin United (club formateur de Robbie Keane, ndlr), que le « Notorious » avait pris pour habitude d’utiliser lorsqu’il souhaitait rallonger ses séances d’entraînement : « Je faisais deux heures de boxe, et ensuite j’allais jouer au foot pendant deux heures sur les terrains du Crumlin United. J’ai toujours aimé être actif, ça me distrait de la vie quotidienne » , expliquait-il en 2015 à l’Irish Independent.

Conor McGoleador

En 2008, alors qu’il débute à peine sa carrière professionnelle dans le MMA, le boxeur irlandais s’engage avec le Yellowstone Celtic, club évoluant dans la Leinster Amator Football League, un championnat qui organise des rencontres entre les différentes équipes amateurs de la capitale irlandaise. « Je le connaissais bien, car on tapait le ballon ensemble dans la rue lorsque nous étions enfants. Je savais qu’il aimait dépenser son énergie, alors je lui ai demandé si ça l’intéressait de nous rejoindre » , explique Robbie Beakfurst, entraîneur du Yellowstone Celtic qui a eu Conor McGregor sous ses ordres pendant environ quatre saisons. Le pari se révèle payant. Évoluant au poste d’attaquant de pointe, le futur champion de l’UFC enchaîne les grosses performances, et termine chaque saison meilleur buteur de son équipe avec au moins une vingtaine de buts au compteur. « Il était très brillant, c’était de loin le meilleur joueur de notre équipe, quand il était sur le terrain, on était sûrs de marquer un, voire deux buts par match » , rembobine Shane Mulraney, ancien coéquipier du « Notorious » pendant ses quatre saisons au club.

Mark Walsh, le goal de l’équipe, a surtout été marqué par les qualités athlétiques de son ancien attaquant : « Il était très rapide et pouvait prendre n’importe quelle défense de vitesse sans souci. Mais il était aussi puissant, perdait peu de duels, on sentait qu’il passait sa semaine à s’entraîner, ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans un championnat amateur. » Bien conscient que le joueur a une carrière de boxeur professionnel qui l’attend, son équipe lui réserve un traitement particulier. Il a le droit de rater certaines séances d’entraînement et peut se permettre d’arriver en retard aux matchs quand les horaires ne conviennent pas à son emploi du temps : « L’un des plus grands souvenirs que j’ai de lui, c’est lors d’une rencontre qu’on disputait un soir en milieu de semaine au nord de Dublin. Il était arrivé en retard, car il avait un gros entraînement de boxe juste avant. Il entre en milieu de rencontre alors qu’on était menés un à zéro. Trente minutes plus tard, on menait 2-1 et il avait inscrit les deux buts » , relate Shane Mulraney.

Un doublé et au lit !

Si Mcgregor justifie son traitement particulier sur le terrain, son attitude en dehors est également mise en avant par ses anciens coéquipiers : « C’était un type super, il arrivait avec le sourire, et faisait généralement beaucoup de blagues dans le vestiaire. Je pense que c’est très important dans un club amateur » , sourit Mark. Mais c’est aussi sur les terrains de foot du coin que McGregor a posé les bases de ce décorum un peu arrogant dont les amateurs de MMA se délectent avant ses combats. Mark Walsh reprend : « Bien sûr qu’il était un peu hautain, arrogant, en particulier avec nos adversaires. Il chambrait pas mal, mais il avait le droit de l’être. Quand vous marquez 25 buts par saison, vous pouvez vous permettre certaines choses. » Seul regret pour ses deux anciens coéquipiers, la discipline et l’ambition de leur attaquant vedette l’obligeaient à manquer ce qui est considéré comme un moment particulièrement important dans le football irlandais : l’après-match. Au grand dam de son gardien de but : « Je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu une seule fois boire une bière, ou même venir dans un pub avec nous après un match. C’est grâce à ça qu’on voyait qu’il était déjà très ambitieux. »

Alors le Notorious aurait-il pu envisager une carrière de footballeur ? « Non, je ne pense pas, la boxe lui prenait trop de temps. Puis le niveau dans la Leinster Amator Football League n’est vraiment pas très élevé. C’est dur de vous dire ce qu’il aurait était capable de faire quelques étages plus haut » , tempère Mark. Le mieux placé pour répondre à cette question est sans doute Alan Power. Le milieu de terrain irlandais du club de Kilmarnock en première division écossaise a joué avec Conor McGregor durant son enfance, puis au niveau amateur, et s’était exprimé à ce sujet dans le quotidien The Telegraph au mois de février dernier : « Ce n’était pas un mauvais joueur, mais il a choisi un chemin différent. Je crois que c’est un très bon choix, il est bien meilleur boxeur que footballeur. » L’avenir lui a donné raison. Ce soir, en montant sur le ring, Conor Mcgregor empochera autour de 70 millions de dollars. De quoi payer sa tournée à Mark et Shane.

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